A Paris, au Latina on danse le tango. Luis invite Ana à danser. Elle est française et elle aime le tango avec passion. Il est argentin de passage à Paris pour une dernière tentative d’échapper à une crise économique et psychologique. Un projet de film sur le tango va les réunir.
Tango recrée l’histoire d’une ville et d’une musique à travers la saga de deux familles, aux deux bouts de l’échelle sociale, une intrigue sans faille, des personnages attachants et hauts en couleur pour une œuvre littéraire forte où le fantastique revendique la force vitale de l’amour et de la danse. Un cocktail explosif d’amours, de luttes, de joies et de trahisons, et une danse dangereuse et sensuelle qui les réunit en une étreinte. Avec l’élégance d’une bonne danseuse, Elsa Osorio change de temps, de narrateur, d’espace comme on change de cavalier, et son écriture communique au lecteur le vertige de la danse, l’ivresse de la musique mêlée à la sensualité et au mouvement.
« Pas chassés, arabesques, grand écart : les voix des ancêtres se mêlent au récit présent, pour une broderie narrative hors pair. Un livre en équilibre, subtil et périlleux, qui danse comme il parle. »
Stéphane Hoffmann LE FIGARO MAGAZINE
« Jamais le titre d’un roman n’a mieux épousé son style et son sujet. Le livre d’Elsa Osorio est sinueux et scandé comme un tango. Il mélange avec élégance villes, époques et personnages, glissant de Buenos Aires à Paris et d’un siècle à l’autre. »
Pascal Jourdana L’HUMANITE
Extrait du livre
Hernán avance avec élégance et s’arrête au milieu de la piste, s’immobilise quelques secondes, pour se concentrer, sa main chaude et ferme sur la taille de Joaquina, une annonce d’attaque, une provocation que sa compagne accepte pour se lancer dans cette complexe broderie des pieds qui murmure des passions aux planches. Il savoure le cuir souple de sa chaussure, le bois reconnaissant sous sa semelle et la chaleur du corps de Joaquina qui lui demande ces ochos en arrière et ces voleos pour briller.
Il l’a dit ce soir, pendant qu’ils dînaient, à son ami Maco : il est plus important d’écouter le corps de la femme qui t’accompagne que d’imiter les compadritos, c’est elle qui excite ton imagination. Et si le corps de Joaquina resplendit avec ces ochos en arrière, la Ñata ne fait qu’une avec ces quebradas à couper le souffle.
Le trio de violon, flûte et guitare attaque maintenant El queco, et Hernán lance Joaquina. Un homme grand, à la peau olivâtre, entièrement vêtu de deuil, pousse Hernan et lui arrache la femme des bras.
– Tu veux danser avec lui, Joaquina ? demande Hernán d’un ton calme.
Le couteau étincelle, menaçant, et pour toute réponse Joaquina baisse la tête.
Précédée d’une fureur de soie, Concepción Amaya s’approche, Mamita, comme l’appellent ses clients et ses pupilles, et elle exige que l’Oriental sorte immédiatement de chez elle, ou elle appellera la police.
– Et toi aussi, Joaquina, tu t’en vas. Et pour toujours.
C’est dommage, c’est une grande perte, mais ce n’est pas Hernán qui va dire à Mamita comment mener sa maison. Elle a prévenu Joaquina qui n’en a pas tenu compte, plus jamais elle ne recevra de femmes contrôlées par ce maquereau bagarreur, l’Oriental. Excusez-moi, don Hernán, et ne me faites pas cette tête, non, pourquoi partiriez-vous, avec toutes ces jolies femmes qui vous veulent, aujourd’hui c’est la maison qui régale, regardez-moi cette beauté. Merci, mais il préfère la Nata, elle n’est pas jolie mais il n’y a personne comme elle pour se balancer sur ce superbe tango de Campoamor que le trio attaque déjà.
Métailié 2007
Points 2008
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